Les récompenses financières doublent l'observance médicamenteuse mais n'améliorent pas le contrôle de la tension artérielle

Les patients hypertendus étaient deux fois plus susceptibles de prendre régulièrement leurs médicaments contre l'hypertension lorsqu'on leur offrait des chances quotidiennes de gagner des récompenses en espèces, selon une étude présentée lors des Scientific Sessions 2025 de l'American Heart Association. Cependant, cette amélioration significative de l'observance thérapeutique ne s'est pas traduite par de meilleurs résultats en matière de contrôle de la pression artérielle comparé aux patients ne recevant pas d'incitations financières.

L'étude BETTER-BP (Behavioral Economics Trial To Enhance Regulation of Blood Pressure) a inclus 400 adultes hypertendus recevant des soins dans trois cliniques de santé communautaire de New York. Ces établissements desservent principalement des populations bénéficiaires de Medicaid (personnes à faible revenu ou handicapées) et des patients sans assurance maladie, groupes connus pour présenter des taux plus élevés d'hypertension non contrôlée et une observance médicamenteuse moins constante. Le non-respect du traitement antihypertenseur augmente le risque d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral selon l'American Heart Association.

Les participants ont été randomisés en deux groupes : 265 personnes éligibles à des récompenses financières et 135 personnes dans un groupe témoin sans incitations. Tous les participants déclaraient ne pas prendre régulièrement leurs médicaments avant l'étude. Les chercheurs ont utilisé des piluliers électroniques pour surveiller l'ouverture des flacons, offrant une mesure objective de l'observance quotidienne. La pression artérielle systolique moyenne initiale était de 139 mm Hg, dépassant la normale définie comme inférieure à 120 mm Hg dans les recommandations 2025 sur l'hypertension artérielle de l'American Heart Association.

Le protocole de récompenses impliquait une loterie quotidienne où les participants du groupe expérimental pouvaient gagner entre 5 et 50 dollars s'ils avaient ouvert leur pilulier la veille. Ils recevaient des messages texte quotidiens les informant de leurs gains éventuels, tandis que ceux omettant de prendre leur médicament recevaient un rappel mentionnant la récompense manquée. L'étude a duré 12 mois au total : six mois avec le programme de récompenses suivis de six mois de surveillance supplémentaire sans incitations.

Les résultats principaux montrent que les incitations financières ont doublé l'observance médicamenteuse régulière, avec 71% des participants du groupe récompense ouvrant leur médicament au moins 80% du temps contre seulement 34% dans le groupe témoin. Pourtant, les réductions de pression artérielle systolique étaient similaires dans les deux groupes : 6,7 mm Hg en moyenne dans le groupe récompense contre 5,8 mm Hg dans le groupe témoin après six mois. Plus significativement, une fois le programme de récompenses terminé, les participants sont revenus à leurs habitudes antérieures de non-observance.

Le Dr John Dodson, investigateur principal de l'étude et professeur associé de médecine à la NYU Grossman School of Medicine, a exprimé sa surprise face à ces résultats. Les incitations financières ont clairement modifié le comportement pendant la période d'intervention, mais cette modification ne s'est pas traduite par un meilleur contrôle tensionnel et ne s'est pas maintenue après l'arrêt des récompenses. Cette étude souligne la complexité de l'observance thérapeutique à long terme et suggère que de simples incitations financières ne suffisent pas à induire des changements comportementaux durables.

Les implications de cette recherche sont importantes pour les systèmes de santé cherchant à améliorer l'observance médicamenteuse chez les patients chroniques. Bien que les approches comportementales puissent temporairement augmenter l'observance, elles ne garantissent pas nécessairement de meilleurs résultats cliniques et leur effet semble disparaître une fois les incitations supprimées. Ces résultats remettent en question l'efficacité des interventions purement financières et suggèrent la nécessité d'approches plus holistiques intégrant l'éducation thérapeutique, le soutien psychosocial et le suivi médical rapproché.